Vannes 1955, au coeur de l’épidémie

Documentaire-fiction de 52 minutes / 2015 / France 3 et Histoire

écrit par Christophe Cocherie et Philippe Baron, réalisé par Christophe Cocherie produit par Vivement Lundi ! / Blink Productions

Vannes, 1955. Un pédiatre est appelé au chevet d’un enfant souffrant de symptômes étranges. Le médecin ne sait pas encore qu’il s’engage dans une bataille contre l’une des pires menaces.

À la recherche de trésors d’archives

Le film raconte la riposte d’une équipe médicale confrontée à la dernière épidémie de variole en France entre décembre 1954 et mars 1955. Le virus de la variole est l’un des plus dévastateurs.

La première exigence pour élaborer la narration d’un film comme celui-ci est la précision des faits. J’ai commencé le travail d’écriture par récolter le maximum d’informations et de documents iconographiques. J’ai rencontré des témoins survivants, des proches des acteurs de cette histoire ainsi que des médecins, des historiens. En tout, une quarantaine de personnes.  Les services d’archives de la ville de Vannes, de l’Institut Pasteur à Paris ou des Soeurs de la Sagesse ont conservé des traces de cette histoire oubliée. À l’issue de ces recherches, j’ai sélectionné une cinquantaine de documents administratifs, d’articles de journaux de l’époque permettant de jalonner le récit.

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L’un des nombreux documents qui a permis d’écrire le récit avec précision.

Pour autant, les archives iconographiques sont quasiment inexistantes. À peine deux ou trois photographies familiales des personnages principaux. Aucune image filmée tournée à Vannes lors de l’épidémie.  Seul un photographe du magazine Paris-Match a saisi l’atmosphère de la campagne de vaccination dans la ville. Il aussi immortalisé l’évacuation du corps contaminé du docteur en charge de mener la bataille contre le virus. Le début du film s’appuie sur l’un de ces clichés à l’aspect fantastique.

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Les clichés de Daniel Camus, photographe de Paris-Match dépêché à Vannes en janvier 1955 sont les seuls connus illustrant l’épidémie de variole. Ses photos ont été publiées dans deux articles du magazine qui participèrent à un début de panique en France.  

 

Comment illustrer un récit historique avec très peu d’iconographie ?

Très vite, le défi d’écriture et de réalisation de ce documentaire est apparu : comment raconter cette histoire en s’appuyant sur si peu d’images d’archives ?

Avec l’équipe de production de Vivement Lundi !, nous avons alors imaginé qu’un médecin, équipé d’une caméra 8 mm, pris dans le piège de la quarantaine à l’hôpital de Vannes, soit parvenu à filmer la bataille livrée par le personnel soignant. Dans les années 1950, ce type de caméra était utilisé par quelques passionnés d’images. 

Pour rendre crédible ce dispositif  cinématographique, le cadre devait être celui d’un cadreur amateur. L’aspect de l’image devait correspondre à celui d’une pellicule de l’époque. La possibilité de tourner avec une caméra Super8 a été vite écartée pour des raisons de coûts de production et de complexité du tournage. Nous avons fait appel au chef-opérateur Frank Rabel pour simuler la maladresse d’un caméraman amateur. Les effets de pellicule ont été réalisés en post-production.

J’ai ensuite déterminé les séquences que nous devions reconstituer pour comprendre facilement l’enchaînement des faits. Avec l’équipe de production, nous sommes partis à la recherche des lieux de tournage. Les pavillons de l’hôpital de Vannes où s’est déroulée cette bataille existent encore en partie. Mais y tourner s’est avéré trop complexe : ces bâtiments accueillaient toujours des services hospitaliers. Nous avons dû trouver des décors ressemblant le plus possible aux pavillons médicaux où s’est déroulée cette histoire.

Pendant les cinq jours de tournage de cette reconstitution, dans cinq lieux différents, six comédiens et une quinzaine de figurants ont interprété les scènes nécessaires à la compréhension du récit. L’équipe composée de coiffeuses, de maquilleuses, d’accessoiristes  s’est appliquée à rendre le plus réalistes possibles ces séquences de reconstitutions.

Les photos du tueur préservées depuis 1955

Une des scènes fortes du film est le récit d’Odile Croissant, ancienne laborantine de l’Institut Pasteur. En janvier 1955, à partir de prélèvements réalisés sur des malades, elle est chargée d’identifier le mal mystérieux et meurtrier qui frappe alors les habitants de la région de Vannes.

Soixante ans après, Odile Croissant retrouve les pièces à conviction de son enquête parmi les archives de l’Institut Pasteur. Elle se rappelle avec émotion comment elle photographia le virus à travers un microscope électronique puis l’identifia formellement. Ses observations, validées par son chef de service, initièrent la bataille contre le virus.

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Un article du Télégramme, illustrant Odile Croissant, quelques semaines avant le tournage, lors du repérage à l’Institut Pasteur. Depuis la parution de cet article, le titre « Pavillon 10 » a été modifié en « Vannes 1955, au coeur de l’épidémie ».

Qu’est devenu le patient zéro de la dernière épidémie de variole en France ?

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Le petit Daniel Debuigny, alors âgé d’à peine un an, est considéré comme le patient zéro. Comment cet enfant a-t-il pu être le vecteur d’une épidémie meurtrière effrayant tout un pays ? Comment ce virus, pourtant confiné alors à l’Asie du Sud-Est et à l’Amérique Latine a t-il pu contaminer des habitants d’une ville de Bretagne ? Soixante ans après cette histoire, qu’est devenu le petit Daniel ?

Les explications de Patrick Zylberman, historien de la santé, du professeur Antoine Flahault, épidémiologiste, permettent de comprendre, comment l’un des pires organismes a pu menacer la population française.

52 minutes – Produit par Vivement Lundi ! et Blink Productions

Pour plus d’informations techniques sur le film ou pour obtenir une copie en DVD, cliquez ici :

http://www.vivement-lundi.com/vivement-lundi/Pavillon-10-au-coeur-epidemie.html

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