52 minutes / 2015 / France 3 et Histoire
Documentaire-fiction écrit par Christophe Cocherie et Philippe Baron, réalisé par Christophe Cocherie – produit par Vivement Lundi ! / Blink Productions

Décembre 1954. Vannes. Un pédiatre est appelé au chevet d’un enfant souffrant de symptômes étranges. Le médecin ne sait pas encore qu’il s’engage dans une bataille contre l’une des pires menaces.
À la recherche de trésors d’archives
Le film raconte la riposte d’une équipe médicale confrontée à la dernière épidémie de variole en France entre décembre 1954 et mars 1955. Le virus de la variole est l’un des agents les plus destructeurs. Au moment où la variole resurgit à Vannes, cette terrible maladie est alors considérée comme éteinte en Europe.

La première exigence pour élaborer la narration consiste à être le plus exact possible. J’ai commencé par récolter le maximum d’informations et de documents iconographiques et rencontré des témoins survivants, des proches des acteurs de cette histoire ainsi que des médecins, des historiens. En tout une quarantaine de personnes. Les services d’archives de l’Institut Pasteur à Paris, de la ville de Vannes ou des Soeurs de la Sagesse ont conservé des traces de cette histoire oubliée. À l’issue de ces recherches, j’ai sélectionné une cinquantaine de documents administratifs, d’articles de journaux de l’époque permettant de jalonner le récit.

Pour autant, les archives iconographiques sont quasiment inexistantes. À peine deux ou trois photographies familiales des personnages principaux. Aucune image filmée tournée à Vannes lors de l’épidémie. Seul un photographe du magazine Paris-Match a saisi l’atmosphère de la campagne de vaccination dans la ville. Il aussi immortalisé l’évacuation du corps contaminé du docteur en charge de mener la bataille contre le virus. Le début du film s’appuie sur l’un de ces clichés à l’aspect fantastique.

de variole de Vannes. Ses photos illustrèrent deux articles du magazine qui participèrent à un début de panique en France.
Comment illustrer un récit historique avec très peu d’iconographie ?
Très vite, le défi d’écriture et de réalisation est apparu : comment raconter cette histoire en s’appuyant sur si peu d’images d’archives ?
Avec l’équipe de production de Vivement Lundi !, nous avons alors imaginé qu’un médecin, équipé d’une caméra 8 mm, pris dans le piège de la quarantaine à l’hôpital de Vannes, soit parvenu à filmer la bataille livrée par le personnel soignant. Dans les années 1950, ce type de caméra était utilisé par quelques passionnés d’images.
Pour rendre crédible ce dispositif cinématographique, le cadre devait être celui d’un cadreur amateur. L’aspect de l’image devait correspondre à celui d’une pellicule de l’époque. La possibilité de tourner avec une caméra Super8 a été vite écartée pour des raisons de coûts de production et de complexité du tournage. Nous avons fait appel au chef-opérateur Frank Rabel pour simuler la maladresse d’un caméraman amateur. Les effets de pellicule ont été réalisés en post-production.
J’ai ensuite déterminé les séquences que nous devions reconstituer pour comprendre facilement le récit. Avec l’équipe de production, nous sommes partis à la recherche des lieux de tournage. Les pavillons de l’hôpital de Vannes où s’est déroulée cette bataille existent encore en partie. Mais y tourner s’est avéré trop complexe : ces bâtiments accueillaient toujours des services hospitaliers. Nous avons dû trouver des décors ressemblant le plus possible aux pavillons médicaux où s’est déroulée cette histoire.








Pendant les cinq jours de tournage de cette reconstitution, dans cinq lieux différents, six comédiens et une quinzaine de figurants ont interprété les scènes nécessaires à la compréhension du récit. L’équipe composée de coiffeuses, de maquilleuses, d’accessoiristes s’est appliquée à rendre le plus réalistes possibles ces séquences de reconstitutions.
Les photos du tueur préservées depuis 1955
Une des scènes fortes du film est le récit d’Odile Croissant, ancienne laborantine de l’Institut Pasteur. En janvier 1955, à partir de prélèvements réalisés sur des malades, elle est chargée d’identifier le mal mystérieux et meurtrier qui frappe alors les habitants de la région de Vannes.





Soixante ans après, Odile Croissant retrouve, parmi les archives de l’Institut Pasteur, les pièces à conviction de son enquête. Elle se rappelle avec émotion comment elle photographia le virus à travers un microscope électronique puis l’identifia formellement. Ses observations, validées par son chef de service, initièrent la bataille contre le virus.

Qu’est devenu le patient zéro de la dernière épidémie de variole en France ?

Le petit Daniel Debuigny, alors âgé d’à peine un an, est considéré comme le patient zéro. Comment cet enfant a-t-il pu être le vecteur d’une épidémie meurtrière effrayant tout un pays ? Comment ce virus, pourtant confiné alors à l’Asie du Sud-Est et à l’Amérique Latine a t-il pu contaminer des habitants d’une ville de Bretagne ? Soixante ans après cette histoire, qu’est devenu le petit Daniel ?
Les explications de Patrick Zylberman, historien de la santé, du professeur Antoine Flahault, épidémiologiste, permettent de comprendre, comment l’un des pires organismes a pu menacer la population française.
52 minutes – Produit par Vivement Lundi ! et Blink Productions
Pour plus d’informations techniques sur le film ou pour obtenir une copie en DVD, cliquez ici :
http://www.vivement-lundi.com/vivement-lundi/Pavillon-10-au-coeur-epidemie.html